
Borovets Bulgarie, quand la glisse flirte avec l’histoire soviétique
Un joyau des Balkans : bienvenue à Borovets
Lorsque l’on parle de ski en Europe, les Alpes monopolisaient jusqu’à récemment toute l’attention. Et pourtant, à quelques encablures à l’est de la Mer Adriatique, nichée sur les pentes boisées du massif de Rila, la station bulgare de Borovets offre une expérience de glisse unique où nature brute et passé soviétique se côtoient dans un ballet étonnamment cohérent.
Borovets (à prononcer « Borovets » et non pas « Borovie-ts », les puristes apprécieront !) est la doyenne des stations de ski bulgares. Son histoire remonte à la fin du XIXe siècle, lorsqu’elle servait de lieu de villégiature pour la royauté bulgare. Plus tard, sous l’influence soviétique, elle s’est transformée en station de sports d’hiver à la fois fonctionnelle et pittoresque. Aujourd’hui, elle attire aussi bien les skieurs européens en quête d’authenticité que ceux curieux de fuir les circuits touristiques trop balisés. Un véritable appel du large… à l’est !
Aux portes du massif de Rila
Située à seulement 70 kilomètres de Sofia, Borovets est facilement accessible depuis la capitale bulgare. L’arrivée en voiture ou en bus se fait en douceur : on passe peu à peu de la plaine urbaine aux forêts de pins denses, réveillées par le froid sec de l’hiver. D’ailleurs, ce sont ces forêts qui ont donné son nom à la station : « bor » signifie « pin » en bulgare. Elle est perchée à 1350 mètres d’altitude, avec des pistes qui grimpent jusqu’à 2560 mètres sur les flancs du mont Musala, point culminant de la région – et même du pays.
La météo y est généreuse : la neige tombe en bonne quantité de décembre à avril, épaulée si besoin par un réseau respectable de canons à neige. Et avec 58 kilomètres de pistes, Borovets n’a pas à rougir : de la glisse familiale à la descente sportive, chacun y trouve son compte.
Un domaine skiable qui a tout d’un grand
Trois zones principales composent le domaine skiable :
- Sitnyakovo Central, idéale pour les débutants et les amateurs de balades tranquilles entre les pins enneigés.
- Yastrebets, le terrain préféré des skieurs confirmés et des amateurs de vitesse – c’est aussi ici que s’entraînent les équipes nationales de ski.
- Markudjik, plus en altitude, offre des panoramas spectaculaires et des pistes plus techniques qu’il faut apprivoiser avec prudence.
Le téléski soviet-style a heureusement cédé sa place à des remontées plus modernes sur la majorité du domaine, même si quelques reliques subsistent – et c’est aussi ce cachet rétro qui fait le charme de Borovets. Il n’est pas rare d’emprunter une télécabine qui semble sortie tout droit d’un film des années 70, avec ses arêtes carrées et ses vitres dépolies. On pourrait presque entendre en fond une mélodie de propagande soviétique…
Quand l’histoire vous rattrape au sommet
Impossible de parler de Borovets sans évoquer ce passé à la fois glorieux et un brin décalé. On y trouve des hôtels massifs de style brutaliste, des bâtiments publics aux façades en béton qui semblent figés dans le temps, et ce petit quelque chose de soviétique dont on ne sait s’il faut en rire ou s’en émouvoir.
Mais ici, les souvenirs du bloc de l’Est se fondent dans la neige, et les Bulgares les accueillent avec fierté. « Ce sont nos montagnes, notre histoire », nous raconte Ivan, moniteur de ski au sourire franc. « Et elle vaut bien celle des Alpes. »
Les fresques colorées dans les halls d’hôtels, l’architecture semi-cubique des anciens centres de repos pour les fonctionnaires du Parti, et ces menus de cantine traduits approximativement en anglais – tous ces détails donnent à Borovets une saveur inimitable. C’est un voyage dans le temps autant que dans l’espace. Et, soyons francs, qui ne rêve pas de boire une rakia chaude dans un lodge au mobilier hors d’âge tout droit sorti d’un James Bond version Bulgarie ?
Des vacances au sommet sans se ruiner
L’un des plus grands atouts de Borovets reste son rapport qualité/prix. Alors que les stations alpines affichent des prix parfois délirants, Borovets permet un séjour tout compris (forfait + hébergement + location de matériel) à des tarifs doux pour le portefeuille. À titre d’exemple :
- Un forfait journalier adulte coûte entre 35 et 40 euros.
- Une location de ski pour la journée ? Environ 15 euros, matériel complet compris.
- Un bon dîner copieux accompagné d’un vin local ? Comptez entre 10 et 15 euros par personne.
Autant dire qu’ici, on peut profiter de la montagne sans vendre un rein. Et ça, ça fait du bien.
Après-ski bulgare : entre folklore et modernité
Borovets n’est pas qu’un spot de glisse ; c’est aussi un petit monde de découvertes après que le soleil ait déserté les cimes. L’ambiance y est chaleureuse, sans chichi. On y trouve des tavernes traditionnelles (les “mehana”), où l’on s’attable pour un banitsa croustillant ou un kavarma mijoté qui tient bien au ventre. La musique folklorique bulgare – rythmée, pleine de souffle – vous accompagne, parfois jouée en direct par des musiciens enrhumés mais passionnés.
Et pour ceux qui cherchent des sensations plus modernes : bars à cocktails, discothèques locales (où l’on entendra probablement un remix improbable entre techno et cornemuse balkanique), spas modernes et hébergements cosy à souhait complètent l’expérience.
Mention spéciale à certaines adresses comme le « Black Tiger » ou le « Buzz Bar » qui séduisent autant les locaux que les riders étrangers – un bon mix pour des soirées sans faux-semblants.
À ne pas manquer aux alentours
Pour ceux qui veulent étendre leur séjour ou allier glisse et culture, Borovets peut devenir le point de départ de jolies échappées :
- Monastère de Rila : classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, cet édifice splendide se pare de fresques riches et colorées. Un havre de paix spirituel au creux de la montagne.
- Mont Musala : accessible à pied en été ou à ski de rando en hiver, il offre une vue spectaculaire sur les Balkans – une vraie récompense pour les plus téméraires.
- Sofia : Pourquoi ne pas finir son séjour dans la capitale ? Architecture, bars branchés, cafés old school et ambiance alternative : un choc culturel doux, mais vivifiant.
Un voyage singulier, à la frontière des époques
Borovets n’est pas une station parmi tant d’autres. Elle est la mémoire vivante d’un peuple montagnard résilient, un trait d’union entre nature intacte et utopie soviétique. Elle ne cherche pas à copier les Alpes : elle trace sa propre ligne, hors-piste mais assumée.
Alors, envie de tester des pistes moins fréquentées où la neige est généreuse, les gens accueillants et les traditions bien vivantes ? Envie d’entendre résonner des récits du bloc de l’Est entre deux descentes dans les forêts de pins ? N’attendez plus : enfilez vos gants, direction la Bulgarie, direction Borovets.
Parce qu’au fond, n’est-ce pas ça, le vrai luxe de la montagne ? Découvrir, glisser… et se laisser surprendre.